Le système éducatif en Iran comme la Chine, l’Egypte et la Mésopotamie, est l’un des premiers et des plus anciens de l’antiquité. La riche culture iranienne est en partie due à son système éducatif cohérent et réglementé depuis le règne des Achéménides. Cette culture favorisa l’émergence d’une grande civilisation qui se traduisit par une architecture extraordinaire, des œuvres artistiques particulièrement raffinées et la formation de savants célèbres et très influents même dans les pays lointains.
Ce système éducatif fut établi à l’époque des Achéménides (550-330 av. J.C). La formation commençait dans la famille où la mère apprenait les concepts moraux fondamentaux à ses enfants, car à cette époque, l’éducation de personnes sincères et à la morale irréprochable était très importante. Les princes et les nobles suivaient une formation politique et militaire. Les enfants du clergé et des artisans continuaient sur la voie de leur père et ceux des professeurs, des employés de la Cour et des commerçants suivaient une formation culturelle, administrative et économique.
Les filles étudiaient généralement les arts ou des théories générales et les garçons, la cavalerie et le tir à l’arc. Suite au développement des industries et de l’administration et à la nécessité de lieux spécifiquement éducatifs, les premières écoles officielles furent fondées. Elles ont d’abord été établies près du palais royal pour les princes, les nobles et les courtisans afin qu’ils apprennent les tâches particulières utiles au roi; les autres couches sociales étaient formées dans des écoles et des instituts publics construits dans des lieux résidentiels.
Lors de la conquête de l’Iran en 330 av. J.C par Alexandre le Macédonien et la fondation de la dynastie des Séleucides par son successeur, étant donné que les bibliothèques furent brûlées, la culture grecque fut propagée grâce à la politique des rois séleucides. Le savoir persan déclina, mais il fut rétabli à l’époque des Parthes. L’éducation fut alors dominée lors de la période des Achéménides par l’éducation religieuse et militaire. En effet, la formation d’individus disciplinés était d’une grande importance.
L’époque des Sassanides peut être considérée comme l’une des plus brillantes périodes du développement des sciences dans l’histoire de l’Iran antique. Comme lors des périodes précédentes, on a également essayé d’éduquer des personnes patriotes croyant aux principes moraux de la société et les mettant en œuvre, en particulier, ceux de Zoroastre: bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions. Etant donné les relations avec les autres nations, l’enseignement et l’éducation se développèrent aussi, mais ils ne concernaient que les couches supérieures de la société et les gens ordinaires ne pouvaient y accéder.
Au début du règne sassanide, l’obéissance au roi était essentielle, le système éducatif essayait alors d’imposer une seule et même idéologie à tout le monde. De nouveaux rites tels que ceux du manichéisme et de la religion mazdéenne apparurent au cours de cette période, le christianisme et les religions d’Extrême-Orient se développèrent également beaucoup, comme le bouddhisme, ce qui créa une atmosphère favorable pour discuter de nouveaux sujets sociétaux.
Les rois sassanides jouèrent un rôle très important dans le développement des sciences et du savoir. Ils envoyaient les savants dans d’autres pays afin qu’ils apprennent les nouvelles sciences de l’époque et ils demandaient aux savants des autres pays de faire des études scientifiques en Iran. On peut par exemple citer Borzuya, célèbre médecin iranien qui voyagea sous l’ordre d’Anushiravan, roi sassanide, en Inde pour obtenir de précieux livres. Il traduisit de nombreux ouvrages, dont Kalila wa Dimna, le plus important, du sanskrit en pahlavi.
D’importants centres d’éducation furent également fondés dont nous pouvons citer deux écoles contenant chacune environ 800 élèves dans les villes de Nassibine et Raha et l’université de Gundishapur située au nord du Khouzestan. Ardachir Babakan ou Ardachir 1er (239-224 ap J.C.), fondateur de la dynastie sassanide, donna l’idée d’établir cette université qui est considérée comme le premier centre d’enseignement supérieur en Iran; mais il décéda avant son ouverture et ce fut son fils Chapour 1er qui la fonda suivant en cela la volonté de son père.
Ce centre d’éducation devint très important à l’époque d’Anushiravan ou Khosrô Ier. Cette université contenait un hôpital universitaire qui était en fait le premier dans le monde, un observatoire et une grande bibliothèque dans laquelle de précieux livres étaient conservés. Outre les écrits iraniens, il y avait également de nombreuses œuvres de savants grecs, romains et indous. Elle était dirigée par des professeurs iraniens, des chrétiens syriaques citoyens de l’Iran, des savants indous et des philosophes chrétiens grecs qui s’étaient réfugiés en Iran lors de la fermeture de l’académie d’Athènes. Anushiravan respecta leurs idées et les engagea comme professeurs à Gundishapur.
Les Arabes commencèrent à attaquer en 641 et dominèrent la plupart des terres de l’empire sassanide en 650 après la mort de Yazdgard III. Les principes de l’islam concernant l’égalité, la fraternité, l’insistance sur l’apprentissage des sciences, l’insatisfaction de la population sous le gouvernement sassanide à cause de leur train de vie luxueux, les privilèges accordés à certaines couches sociales expliquent en grande partie les raisons pour lesquelles les Iraniens se convertirent à l’islam. Après l’attaque d’Alexandre le Macédonien, celle des Arabes fut le deuxième événement important de l’histoire de l’Iran qui causa le plus grand et le plus profond bouleversement dans son système de croyances, sur le plan social et éducatif. Dans les pays conquis par les Arabes, l’arabe était la langue officielle de la Cour et de leurs émirs; de plus, l’obligation d’organiser des cérémonies religieuses en arabe fit que le persan fut oublié. De nombreux livres et œuvres scientifiques restés intacts malgré l’attaque des Macédoniens ou écrits après, furent anéantis. Etant donné l’importance du Coran dans l’islam, tout autre enseignement contraire à ses principes était inacceptable. C’est pourquoi l’apprentissage des sciences et leur développement furent interrompus.
En remplaçant le persan, utilisé lors des rassemblements scientifiques, par l’arabe, cette langue subit de grands changements, en particulier elle intégra des mots arabes. D’autre part, contrairement aux langues des autres peuples vaincus, le persan, langue indo-européenne, comportait des différences fondamentales avec l’arabe. Pour cette raison et aussi parce que de nombreuses œuvres de valeur étaient écrites dans cette langue par d’autres peuples comme les Indous, il était très difficile de la supprimer. De plus, dans les régions éloignées du centre gouvernemental telles que le Sistan, le Khouzistan, le Khorasan, les villes du nord de l’Iran et l’Azerbaïdjan, l’Islam ne put s’implanter pendant de longues années et les gens restèrent fidèles à leur langue locale.
Après la renaissance du persan dans les poèmes de Rudaki et de Ferdowsi et le début du mouvement dit de traduction[1] le savoir prospéra à nouveau; mais contrairement à l’époque des Sassanides qui attachaient de l’importance à l’ éducation religieuse de Zoroastre, l’enseignement de la tradition islamique, l’exégèse des textes coraniques et de nouvelles sciences telles que la philosophie s’ajoutèrent aux autres sciences enseignées. Les mosquées dans lesquelles l’exégèse du Coran, la grammaire arabe étaient étudiées et les questions religieuses abordées, furent les premiers centres d’éducation les plus importants dans le monde islamique.
Cependant, les nouveaux musulmans iraniens jouèrent un rôle important dans le développement de la science et de la culture. Les savants iraniens produisirent alors leurs œuvres en arabe. Ce furent les Iraniens qui donnèrent l’idée de la construction et de l’architecture de la ville de Bagdad qui, en tant que pôle scientifique du monde islamique, remplaça Gundishapur. Lors du règne des Abbassides, les califes réalisèrent qu’il était impossible de diriger le pays sans la présence de conseillers, d’employés et de savants iraniens; ils furent ainsi très respectés par la Cour de cette époque. Ils jouèrent également un rôle important dans la traduction de précieux livres scientifiques en arabe, la fondation de centres d’enseignement reconnus et l’organisation d’un nouveau système éducatif.
Au Xe siècle, Tahir Ibn Husayn fonda la dynastie des Tahirides à Khorasan, premier gouvernement iranien semi-indépendant après l’avènement de l’islam, ce qui porta atteinte à la domination totale des Arabes. La langue persanne Dari, parlée dans certaines régions de l’Iran depuis l’époque des Parthes, progressa au cours de cette période. Le gouvernement des Tahirides facilita l’accès des Saffarides au pouvoir au Sistan dirigé par Ya’qûb Layth Saffâr; ce dernier joua un rôle très important dans la renaissance persane et le premier poème persan fut composé sous son règne.
La science et la culture furent très importantes à l’époque des Samanides. De nombreux poètes apparurent dont le plus important fut Ferdowsi Tusi, poète du 4ième siècle. On peut le comparer à Homère, poète épique grec. Son œuvre la plus importante est Shâh-Nâmeh considéré comme l’un des plus précieux livres en persan qui a été traduit dans de nombreuses langues. Dans Shâh-Nâmeh, il décrit dans une langue magnifique et sous la forme d’un beau poème le mode de vie et les exploits des Iraniens depuis l’antiquité jusqu’à la fin du règne des Sassanides. L’utilisation de mots et de termes persans et l’introduction de mythes iraniens dans ce livre empêche non seulement la décadence de cette langue, mais renforce aussi le nationalisme et la cohésion des Iraniens. Selon lui-même, il a, pendant 30 ans, établi un édifice solide et splendide du poème persan qui ne sera jamais anéanti au fil du temps.
Rudaki est l’un des autres grands et célèbres poètes de cette époque qui joua un rôle très important dans le développement du poème persan. Comme de nombreuses autres célébrités iraniennes, ce poète aveugle était originaire du Khorasan. Il vivait à la Cour des Samanides et il composait des poèmes pour l’émir Nasr II.
Des vers concernant la ville de Boukhara firent revenir précipitamment le roi d’un long voyage vers sa patrie. Il traduisit aussi sous forme de poèmes les œuvres Kélilé et Dimne.
A l’époque des Seldjoukides (11ième siècle), Khadja Nizâm al-Mulk Tussi, digne ministre de la Cour d’Alp Arslan, fonda des écoles intitulées nezamié dans différentes villes entre autres Nichapour et Bagdad. Elles étaient considérées comme les plus importantes institutions scientifiques du monde islamique et de nombreuses célébrités d’Iran telles que Saadi Chirazi, poète renommé du 13ième siècle y suivaient des cours. Dans ces écoles, outre les concepts religieux et les sciences islamiques, la philosophie, la grammaire des langues arabe et persane, les mathématiques, l’astronomie et l’histoire étaient également enseignées; des cours de médecine étaient organisés dans les hôpitaux.
La nezamié de Bagdad, regroupant 6 000 élèves et de célèbres professeurs tels que l’imam Mohammad Ghazali, mystique et philosophe du 11ième siècle, était une école sans pareille. Nizâm al-Mulk choisissait très attentivement les professeurs de ces écoles. Du point de vue scientifique et moral, ceux-ci devaient être les plus renommés de leur époque et adeptes de la religion chafiiste, l’une des branches de la jurisprudence sunnite, car Nizâm al-Mulk était lui-même un chafiite très croyant; c’est pourquoi les adeptes des autres religions ne pouvaient pas y travailler comme professeurs.
Les frais de l’administration, les besoins des écoles et les salaires des professeurs étaient payés grâce aux donations du peuple et aux biens personnels de Khadja Nizâm al-Mulk, tout au long de sa vie. Les étudiants recevaient des bourses d’études. Dans ces écoles, il y avait des classes, des bibliothèques, des mosquées et des hébergements pour les étudiants. Dans ces classes regroupant parfois 100 élèves, les deux meilleurs s’asseyaient à côté du professeur et répétaient à haute voix toutes ses paroles pour les autres élèves afin qu’ils les entendissent mieux.
Au 13ième siècle, l’attaque des Mongols porta un coup sérieux à la culture et à la civilisation de l’Iran. De nombreuses mosquées et écoles furent anéanties ou brûlées à cette époque. Beaucoup de savants et d’étudiants furent tués ou cessèrent d’étudier pour sauver leur vie. Au cours de ces quelques décennies, la science et la culture iranienne et islamique régressèrent considérablement; enfin à l’époque d’Houlagou Khan, petit-fils de Gengis Khan, les Mongols furent confrontés à des échecs concernant la conquête de Cham et de l’Egypte et furent obligés de diriger leur pays au lieu d’en conquérir d’autres. Le manque d’expérience les obligea à recourir aux Iraniens.
Khadja Nasir Al-Din Al-Tussi, fameux savant iranien et ministre d’Houlagou Khan profita au maximum de sa position, de sa popularité à la Cour et du respect qu’il inspirait pour raviver le savoir iranien et éviter la divulgation des superstitions. La fondation de l’observatoire de Maragha (dans l’actuel Azerbaïdjan oriental) fut l’une de ses plus importantes œuvres. De plus, il était le centre d’enseignement de nombreuses branches scientifiques. A côté de l’observatoire, une grande bibliothèque de 400 000 livres, provenant du monde entier, avait été établie pour les étudiants.
Lors du règne des Safavides, le chiisme devint la religion officielle et par conséquent le système éducatif s’orienta vers l’enseignement de ses concepts religieux. De nombreux livres et articles furent écrits en persan. Les mosquées étaient toujours d’importants centres de formation; mais la fondation de nombreuses écoles généralisa l’enseignement et l’éducation et un plus grand nombre de personnes furent ainsi encouragées à étudier les sciences. Parmi les centres d’éducation de l’époque safavide, particulièrement importants du point de vue architectural, on peut citer les écoles de la mère du roi, de Tchar-Bagh à Ispahan et de Khan à Chiraz.
Avant l’époque des Qâdjârs jusqu’aux années finales de leur règne, le système traditionnel de l’enseignement dans les maktabs (écoles) était répandu. Filles et garçons, ensemble ou séparés, apprenaient à lire le Coran et des rudiments des sciences. A l’époque des Qâdjârs, il y avait trois sortes de lieux: les maktabs d’Akhund Baji dans lesquels des femmes âgées pas très cultivées apprenaient aux jeunes enfants la lecture du Coran, les sujets religieux de base, l’alphabet et parfois la littérature. Personne n’était obligé d’y assister.
Les classes sociales moyennes fréquentaient les maktabs publics et les riches allaient dans les maktabs privés, ils demandaient parfois aux professeurs de venir à la maison pour enseigner à leurs enfants. Les enseignants des maktabs privés et publics étaient des savants religieux appelés mollah; ils insistaient plutôt sur la mémorisation des sujets et les talents particuliers des élèves n’étaient pas pris en compte.
Le maktab était un lieu simple à l’intérieur des mosquées ou de lieux d’habitation dans lequel les élèves s’asseyaient sur des tapis et ils étaient eux-mêmes chargés de le chauffer. Les châtiments corporels y étaient très fréquents, ce qui faisait même fuir certains élèves.
Les écoles étaient construites soit de façon indépendante, soit comme des annexes aux mosquées qu’on appelait alors école-mosquée. La formation d’étudiants religieux ou talibés relevait d’un enseignement spécialisé à l’époque qâdjâre. Il y avait deux niveaux d’enseignement: le niveau primaire comprenant l’enseignement de la jurisprudence, de la grammaire, de la conjugaison et de la littérature persane et le niveau kharedj où la philosophie, les mathématiques et la musique étaient également enseignées à côté des sciences religieuses. Quelques savants iraniens comme Avicenne et Zakariya al-Razi furent diplômés de telles écoles.
Comme nous l’avons précédemment dit, les mollahs femmes des maktabs enseignaient aux filles des classes sociales moyennes. Les filles de certaines familles riches pouvaient apprendre la littérature persane, lire des romans et des recueils de poèmes avec l’autorisation de leur père, mais on ne leur apprenait pas à écrire parce qu’ils étaient d’avis qu’en le leur apprenant, elles allaient écrire des lettres et cela constituait une sorte d’irrespect religieux.
A la suite de relations plus développées avec les pays européens tels que la Russie et l’Angleterre et par la suite, la Révolution Constitutionnelle, les intellectuels de la société demandèrent des changements dans les structures sociales, surtout le système éducatif. Beaucoup d’élèves furent envoyés dans les pays européens pour apprendre les nouvelles sciences. Les voyages d’étrangers en Iran ouvrirent aussi des perspectives novatrices, de sorte que l’on chercha particulièrement à rendre possible l’accès des filles iraniennes aux études. Certains gouverneurs iraniens ainsi que des femmes intellectuelles et libérales firent également des efforts en ce sens.
En 1802, (1933 pour l’université de Téhéran) sous le règne de Mohammad Shah Qâdjâr, un prêtre américain fonda la première école moderne pour les filles à Oromia, (actuel Azerbaïdjan occidental), mais seules les minorités religieuses pouvaient y assister. A côté des sciences religieuses, on y enseignait également les arts ménagers et les activités manuelles telles que la tapisserie, la couture, la broderie etc…
En 1838, Mohammad Shah ordonna de soutenir les écoles américaines. La construction de nouvelles écoles se développa et une école gratuite pour les filles fut fondée le 24 avril 1874 qui devint plus tard un pensionnat. Finalement en 1877, le chargé d’affaires américain demanda à Nasser al-Din Shah de permettre aux filles musulmanes de les fréquenter et ce fut ainsi la première fois que des filles musulmanes accédèrent à l’enseignement scientifique. Le soutien de Nasser al-Din Shah à la présence des filles musulmanes dans les écoles, eut pour conséquence d’augmenter, dès 1896, le nombre d’élèves musulmans par rapport à ceux des minorités religieuses.
La fondation de l’école Dar-ol Fonoun par Amir Kabir, chancelier de Nasser al-Din Shah joua un grand rôle dans le changement et l’innovation du système éducatif en Iran. L’idée de construire Dar-ol Fonoun vint à l’esprit d’Amir Kabir en observant les écoles et les académies de la Russie. Pour garder les problèmes éducatifs et scientifiques de ce centre loin des controverses politiques, il choisit des professeurs autrichiens; mais avant leur arrivée à Téhéran le 24 novembre 1851, il fut déposé et assassiné peu de temps après. Le 31 décembre 1851, Dar-ol Fonoun fut officiellement ouvert par le successeur d’Amir Kabîr. Ses principaux effets sur la société iranienne furent les suivants:
Dar-ol Fonoun est considéré comme le premier centre d’enseignement supérieur moderne en Iran. Au début, il comprenait sept branches: les sciences de l’ingénieur, l’infanterie, la cavalerie, l’artillerie, la médecine, la chirurgie, la minéralogie et les sciences naturelles incluant la physique, la chimie et la pharmacie. L’histoire, la géographie, la cartographie, les mathématiques, le persan, le français, l’arabe et le russe y étaient également enseignés. Au début, on envisageait d’inscrire 30 élèves de 14 à 16 ans, mais après la déclaration publique de l’ouverture de Dar-ol Fonoun, ce nombre atteignit 114 pendant la première année. Plus tard, des professeurs français, italiens et iraniens commencèrent également à enseigner dans cette école. Modifié et restauré au temps du premier roi Pahlavi, Dar-ol Fonoun se trouve maintenant au centre de Téhéran dans la rue Nasser Khosrô.
En 1907, les premiers cours d’Akaber furent organisés à Chiraz pour enseigner aux adultes illettrés; mais en 1936, le système d’Akaber ratifié, ses cours furent ainsi obligatoires pour les personnes ayant dépassé l’âge de la scolarisation.
Le lycée Alborz est l’un des anciens établissements réputés de Téhéran; fondé par les Américains, il fut célèbre sous le nom de Collège des Américains. Sa construction remonte à l’époque des Qâdjârs en 1873. Au début, c’était une école primaire, puis elle devint un collège en 1898 et déménagea dans le lieu actuel au centre de Téhéran.
Quand, en 1940, les Iraniens prirent sa direction, il devint le lycée Alborz; ce nom est dû à la chaîne de montagnes Alborz, visible de derrière les bâtiments de l’école. Le bâtiment central d’Alborz et le bâtiment des sciences de ce lycée ont été enregistrés comme patrimoine national de l’Iran. Par son ancienneté historique et de brillants résultats dans le domaine scientifique, éducatif et culturel, il fut reconnu le 7 mars 2006, par le Conseil Supérieur de l’Enseignement et de l’Education comme l’un des établissements fondateurs d’Iran.
Sous le règne de Reza Shah Pahlavi en 1926, des réformes fondamentales dans les domaines culturel, politique et social influencèrent le système éducatif. Le Parlement ratifia une loi intitulée »Conseil supérieur de l’éducation ». Elle consistait à présenter le système éducatif français comme un modèle d’enseignement dans les écoles de l’Iran et chargeait ce conseil de toutes les affaires concernant les établissements scolaires, entre autres, l’organisation des examens et le recrutement et l’évaluation scientifique et morale des professeurs. L’enseignement primaire fut obligatoire et gratuit mais ce n’était pas le cas pour le lycée et l’université.
Reza Shah envoya un grand nombre d’étudiants en Europe pour étudier dans les différentes universités. Des centres de formation furent fondés en 1928 pour former des instituteurs qui devaient être non religieux et qui dépendaient du Ministère de la Culture. Jusqu’en 1941, il y eut 36 collèges.
L’une des plus importantes démarches de l’époque de Reza Shah fut la fondation de l’Université de Téhéran. Le Professeur Mahmoud Hessabi, père de la physique en Iran, la proposa au ministre de la Culture en 1928. Cette proposition fut acceptée par le roi et l’architecte français André Godard commença à la construire sur le terrain de l’actuelle rue Enghelab. Cette université fut ouverte en 1934. La première faculté fut celle de médecine; les facultés de génie civil, de littérature, dentaire et de pharmacie furent fondées plus tard. De nombreux savants, artistes et célébrités iraniennes étudièrent ou enseignèrent dans cette université qui accepte des étudiants dans de nombreuses disciplines scientifiques.
La bibliothèque de l’université de Téhéran est l’une des plus importantes bibliothèques d’Iran. Actuellement, cette université a plus de 55 000 étudiants et environs 2 050 personnels académiques. C’est la meilleure université d’Iran et selon le classement de Shangai des universités mondiales en 2015, elle est parmi les 300 meilleures universités du monde.
A l’époque du premier souverain pahlavi, le rôle des religieux dans l’enseignement et donc le nombre des écoles religieuses diminua. Suite à l’épisode du dévoilement (Kashf-e Hijab) en 1936, les filles allèrent peu à peu à l’université et des écoles mixtes furent fondées.
Un centre d’enseignement supérieur regroupant 90 élèves et réservé aux femmes intitulé Ecole Supérieure des filles fut fondé en 1964, afin qu’elles puissent continuer leurs études malgré les croyances traditionnelles et religieuses de certaines familles. Psychologie, traduction, secrétariat et enseignement ménager étaient les disciplines enseignées dans cet établissement. En 1975, l’Ecole Supérieure des filles devint »l’Université Farah Pahlavi ». En 1977, elle comprenait quatre facultés: sciences, littérature, sciences humaines et gestion/ économie.
Mohammad Reza Shah, deuxième et dernier roi pahlavi poursuivit la politique de réforme de son père. Considéré comme l’un des six principes de la Révolution Blanche, le Corps d’alphabétisation, fondé en 1963, fut l’une de ses actions dans le domaine de l’éducation afin d’abolir l’analphabétisme dans la société.
Après avoir passé une période de formation de quatre mois dans l’armée, les filles et les garçons diplômés, allaient comme sergents dans les villages et enseignaient aux enfants. Puis, ils devenaient employés dans le Ministère de l’Education ou le gouvernement.
Le premier concours général d’entrée aux universités fut organisé avec 47 773 candidats la même année. Chaque université organisait déjà son propre examen d’entrée. A partir de ce moment, les concours furent organisés au mois de juin ou de juillet, au terme des 12 années d’étude.
Le système éducatif à ce temps-là comprenait 6 années primaires et 6 années secondaires. A la fin des 6 années primaires, l’élève obtenait le certificat de fin de cycle, autrefois considéré comme un bon niveau de culture générale, s’il réussissait l’examen final. Après avoir réussi les examens finaux du lycée, il obtenait un diplôme et pouvait entrer à l’université s’il réussissait le concours. Ce système éducatif changea en 1977 et se transforma en 5 ans d’école primaire, 3 ans d’école intermédiaire (collège) et 4 ans d’école secondaire (lycée); à la fin de chaque période, les élèves devaient passer un examen final pour entrer dans le cycle suivant.
En 1968, le Ministère des Sciences décida d’organiser des olympiades universitaires scientifiques afin d’élever le niveau scientifique des étudiants et les encourager à faire des recherches plus approfondies. Les candidats ayant réussi au plan national réussissaient également lors des olympiades mondiales. En 1976, des écoles appelées tizhouchane furent fondées sous la direction de l’Organisation Nationale pour le Développement des Talents Exceptionnels (ONDTE ou SAMPAD) pour les élèves particulièrement intelligents et surdoués. Seuls les élèves ayant un niveau d’intelligence élevé et d’excellents résultats scientifiques étaient admis à passer un examen spécial d’entrée. Le nombre de ces écoles augmenta en 1979 après la Révolution islamique.
Après la Révolution Islamique de 1979, les enseignements islamiques furent dominants pour le régime et le système éducatif subit donc des changements. L’obligation du hijab pour les filles et les femmes et la nécessité de le porter dans les lieux publics, en particulier les écoles, persuadèrent de nombreuses familles religieuses d’envoyer leurs filles étudier. Le nom de l’université des filles de Farah, précitée, changea en Al-Zahra, (nom de la fille du Prophète) et ses objectifs concernant l’éducation des jeunes filles au niveau supérieur se poursuivit, mais avec une approche islamique.
Cette université composée actuellement de 10 facultés et d’un institut de recherche ouvert aux femmes, accueille des étudiants en sciences de l’ingénieur, en biologie, en littérature, en langues étrangères, en sport et dans les disciplines artistiques etc… En 2014, une antenne de cette université a été fondée à Oromia, au centre de l’Azerbaïdjan occidental, dans les domaines de la psychologie, de la littérature et des sciences sociales. Al-Zahra a plus de 350 personnels académiquesAu mois de décembre 1979, l’Organisation du mouvement d’alphabétisation fut fondée en vue de réaliser les objectifs des écoles Akaber accueillant des illettrées.
Presque deux ans après la Révolution, l’Ayatollah Khomeiny ordonna au mois d’avril 1980 de fermer toutes les universités pendant deux ans pour changer les programmes et éloigner les groupes politiques des universités. En 1981, l’université de Tarbiat Modares (Formation des enseignants) fut fondée en vue de former des instituteurs et des professeurs d’université; elle fait partie maintenant des trois meilleures universités du pays et des 10 meilleures universités du Moyen-Orient.
L’Ayatollah Hachemi Rafsandjani, alors qu’il était Imam de la Prière du Vendredi de Téhéran, proposa de fonder une université appelée Université Azad islamique, qui accepterait un plus grand nombre d’étudiants et dont les frais d’études seraient à leur charge. En 1983, le premier concours d’entrée fut organisé et 32 000 candidats se présentèrent. Avec ses multiples antennes dans la plupart des villes d’Iran, le complexe de l’Université Azad est actuellement la troisième université du monde du point de vue du nombre d’étudiants. Chaque année, des étudiants sont admis dans différents domaines: médecine, sciences de l’ingénieur, sciences humaines, etc…
Avant la Révolution islamique, la plupart des écoles étaient gouvernementales et gratuites; les écoles privées étaient financées par les frais de scolarité et seuls les élèves ayant un niveau scientifique élevé pouvaient s’y inscrire. Après la Révolution, à côté des écoles gouvernementales et nationales actuellement appelées non lucratives, d’autres écoles ont vu le jour dont l’une est l’école Top gouvernementale dont le niveau d’étude est plus élevé que celui des écoles gouvernementales, mais les frais moins élevés que ceux des établissements privés. La première école Top gouvernementale fut fondée en 1986. Comme les étudiants, les élèves participent aussi aux Olympiades scientifiques. Les Olympiades scientifiques en Iran sont actuellement organisées dans 7 disciplines: mathématiques, physique, chimie, biologie, astronomie, littérature et informatique.
Après la Révolution, le système éducatif comprenait 5 ans d’école primaire, 3 ans d’école intermédiaire, 3 ans d’école secondaire et une année pré-universitaire, mais il changea en 2011 et on revint au système antérieur: 6 ans d’école primaire et 6 ans d’école secondaire. A l’école primaire, les élèves apprennent à lire et à écrire le persan, les concepts fondamentaux des sciences, les mathématiques, le Coran et les préceptes religieux. A l’école secondaire, les sciences expérimentales: chimie, physique, biologie et géologie sont enseignées. L’histoire, la géographie, la sociologie et la littérature persane s’ajoutent également aux matières précédentes et sont approfondies chaque année. Avant d’entrer en deuxième année du lycée, les élèves doivent choisir dans quelle discipline ils veulent se spécialiser: mathématiques, sciences, sciences humaines ou technologie. Les élèves intéressés par les matières artistiques peuvent étudier dans une école professionnelle spécialisée au lieu du lycée.
»La fuite des cerveaux » est l’un des problèmes du système éducatif en Iran. Cela désigne l’émigration des intellectuels et des élites d’un pays dans les pays développés pour trouver de meilleures conditions de vie et d’étude. Et pourtant, ces départs vers l’étranger des étudiants pour poursuivre leurs études, à une époque, ouvrit les portes du monde moderne occidental pour les Iraniens, mais actuellement, c’est devenu un problème important. Selon une étude du Fonds Monétaire International, parmi les 91 pays du monde, l’Iran est au premier rang concernant la fuite des cerveaux. En 2015, environ 11 300 étudiants brillants ont quitté le pays.
Ce phénomène, ajouté à la transmission des résultats des recherches de ces étudiants aux pays hôtes, va créer d’autres problèmes. Par exemple, les frais consacrés aux études ne sont pas remboursés et le marché du travail iranien se trouve privé de gens cultivés et experts. L’absence d’un marché du travail convenable et de possibilités de progression dans certaines branches et dans le domaine de la recherche, le flou concernant l’avenir professionnel, des salaires élevés dans les pays hôtes et des insatisfactions sociales dans certains cas peuvent expliquer ce phénomène. Certes, si ces séjours à l’étranger ne sont pas définitifs, cette émigration des étudiants iraniens talentueux dans les meilleures universités du monde peut, à terme, créer un énorme capital scientifique pour le pays.
[1] De précieux livres des bibliothèques de l’Iran qui ont, à une époque, été transmis en Inde, en Chine, à Rome et dans d’autres pays afin qu’ils soient protégés de l’attaque d’Alexandre et par la suite des Arabes, étaient à ce moment traduits en arabe, c’est ce qu’on appelle la période du mouvement de traduction
Etudiante en français, responsable administrative
Titulaire d'un master de français