Momie de sel
Le mot « momie » nous fait tout de suite penser à l’Egypte antique, aux pyramides de Gizeh et aux Pharaons.
Mais là, nous allons vous parler de momies qui vous amènent en Iran, à Téhéran, au musée national d’Iran. La première momie de sel au monde vous y attend. Elle vous regarde de l’intérieur d’une vitrine en verre et suscite beaucoup de questions de votre part.
Les publications sur les découvertes archéologiques ou les sources documentaires historiques n’ont jamais parlé des momies de sel. Nulle part ils ne l’ont mentionnée. Ce procédé de momification n’aurait jamais été utilisé dans cette région du monde lors des rites d’inhumation.
Il s’agit ici d’un procédé naturel résultant de conditions naturelles particulières. Un froid extrême ou la présence d’éléments naturels tels que le sel peuvent maintenir dans un état de bonne conservation le corps des morts pendant des milliers d’années.C’est le cas des momies de sel en Iran.
La momie existait depuis longtemps chez les egyptiens. En Egypte, pour rendre les rois et leurs familles éternels, les égyptiens momifiaient leurs cadavres après la mort. Afin que leurs corps restent dans le meilleur état possible, ils l’effectuaient en plusieurs étapes. Ils retiraient tout d’abord le cerveau et tous les viscères (estomac, foie, intestins et poumons) sauf le cœur.
Cette technique de préservation des corps était essentielle pour les Egyptiens. Car croyant à la vie éternelle, il fallait que l’âme et l’énergie vitale puissent réintégrer le corps pour accéder à cette nouvelle vie. La momification faisait partie des rites funéraires. C’était le reflet de la culture des Egyptiens de l’Antiquité, de leurs croyances, de leur idéologie et de leur vision de la vie après la mort.
Les momies iraniennes sont en fait des mineurs vivants, ensevelis dans une mine de sel, à l’époque des Achéménides et des Sassanides. La conservation dans le sel qui est un désinfectant facilite en effet la déshydratation. C’est ainsi que ces hommes furent, à la suite d’accidents, naturellement transformés en momies et le restèrent pour la postérité ; ils nous révèlent les mystères des gens de leur époque.
Bien que le mot momie nous fasse tout de suite penser à l’Egypte, la découverte des momies de sel en Iran, a lancé un nouveau thème d’archéologie scientifique. Momifiés naturellement à la suite d’un accident dans la mine de sel, ces momies cachent les grands secrets de la vie de l’antiquité iranienne.
Les hommes de sel (les momies de sel) de la mine de Chehr Abad de Zandjan, au nord-ouest de l’Iran, sont les seules momies de sel découvertes dans le monde ; il n’existe donc aucun autre exemple similaire. Des experts de l’université de Bochum en Allemagne et un groupe de scientifiques iraniens font actuellement des recherches complémentaires sur cette mine. La découverte des hommes de sel est importante du point de vue archéologique, car elle permet d’étudier les techniques minières antiques, les activités industrielles, les aliments et les vêtements des gens de ces époques.
Les momies de sel de la mine de Chehr Abad de Zandjan, au nord-ouest de l’Iran, sont les seules momies de sel découvertes dans le monde. Il n’y a donc aucun autre exemple similaire.
Ces hommes travaillaient dans cette mine entre 400 av. J.-C. et 300 ap. J.-C. et il est certain qu’un accident de mine a provoqué leur mort.
La mine de sel de Chehr Abad[1], mine historique la plus célèbre d’Iran, est située à 70 kilomètres à l’ouest de Zandjan[2] à côté de deux villages habités[3]. Du point de vue géographique, cette région, sur le bassin versant de la rivière Ghezel Owzan[4] est constituée de chaînes de montagnes orientées du nord-ouest au sud-est. La mine est bordée à l’ouest et à l’est par des rivières saisonnières[5] et au sud par un petit ruisseau[6]. Elle domine au nord l’intersection des rivières saisonnières près du village de Hamzelou.
Le climat de la région est semi-montagnard avec des étés chauds et des hivers froids. La mine a une superficie d’environ 1 kilomètre carré. Seules certaines des parties de l’ouest et du sud-ouest sont utilisables. La partie de la mine qui est proche des rivières[7] est très riche en sel et son extraction traditionnelle a été faite dès les temps les plus anciens jusqu’à aujourd’hui. Cette mine est principalement un immense gisement de sel gemme ou halite.
Actuellement, le sel n’a pas beaucoup de valeur économique, mais jadis, il était stratégique car impliqué dans les échanges économiques et sociaux dans certains pays. C’est pourquoi cette mine de sel était essentielle pour les Achéménides, les Sassanides, les Parthes et les gouvernants suivants. Grâce à ce gisement de sel très important, les locaux ont exploité cette mine sans discontinuer dès sa découverte.
La mine de sel de Chehr Abad de Zandjan, se trouve dans une région où il y a beaucoup de rivières qui coulent. Le climat de la région est semi-montagnard. L’extraction traditionnelle avait autre fois une valeur stratégique dans les échanges économiques et sociaux. Donc, les locaux l’exploitaient dès les temps les plus anciens jusqu’à aujourd’hui. Cette mine est principalement un immense gisement de sel gemme ou halite.
Selon les recherches, avant 1993, les mineurs exploitaient le sel traditionnellement. Ils creusaient des galeries à la main. Mais cette année-là, à la suite d’un appel d’offres, ils ont changé le procédé. L’exploitation devient mécanisée. Donc, le secteur privé s’en prend charge. Il y appliqua une nouvelle méthode de l’extraction du sel. Ils ont aménageaient des escaliers à ciel ouvert en utilisant des machines spécialisées. C’est pourquoi en l’hiver 1993, pendant l’extraction, les mineurs ont découvert « le premier homme de sel» iranien, tout à fait accidentellement découvert.
Avant la découverte des momies de sel, la mine de Chehr Abad avait certes une importance économique, mais la découverte de la première momie de sel, l’a également rendue archéologiquement importante. Au cours de l’hiver 1993, les mineurs ont par hasard trouvé le haut du corps d’un homme ayant des cheveux et une longue barbe blanche. L’apparence du cadavre montrait qu’il appartenait à un passé lointain. Les mineurs pensaient que ce cadavre datait de 200 ou 300 ans et personne n’imaginait que ce corps pouvait être celui d’un homme âgé de 1800 ans.
Informée de cette découverte, l’Association de l’Héritage Culturel commença des campagnes de fouilles. Les archéologues découvrirent également des objets: une botte en cuir avec une jambe dedans, des affaires personnelles comme trois couteaux, une sorte de coton-tige en argent, un short, une fronde, des bouts de cordes en cuir, une meule, une noix, des pièces de poterie, quelques morceaux de tissus peints et de petits morceaux d’os.
Les études archéologiques sur la momie, les ornements de ses vêtements et les objets trouvés montrèrent qu’il appartenait à un rang social élevé. Il était probablement l’un des princes de cette époque. . Selon les hypothèses, cette personne était présente dans la mine soit pour la visiter, soit pour fuir des ennemis. Elle fut ensevelie sous un tas de sel à cause d’un éboulement et fut momifiée.
La mine, qui avait une forte importance économique, était en pleine activité lors de sa découverte. Les mineurs ont par hasard trouvé le haut du corps d’un homme ayant des cheveux et une longue barbe blanche. Exposés actuellement dans le musée national,l s’agit d’une botte en cuir avec une jambe dedans, une sorte de coton-tige en argent et un short. Il y a aussi une fronde, des bouts de cordes en cuir,trois couteaux, une meule, une noix, des pièces de poterie. Quelques morceaux de tissus peints et de petits morceaux d’os les accompagnent.
En utilisant la datation par le carbone 14, les chercheurs ont estimé que cette momie avait 37 ans et ils ont pu déterminer son groupe sanguin B+ en faisant des tests sur ses cheveux. De plus, du point de vue historique, ce cadavre appartient au début de l’époque sassanide (224 – 650 ap J-C). Première momie trouvée dans la mine de sel, les archéologues l’ont nommée « l’homme de sel ». Ensuite, ils l’ont transférée de Zandjan au musée national d’Iran à Téhéran pour que le public puisse l’admirer. Actuellement conservée dans des conditions optimales, les touristes étrangers visitent cette momie.
Après la découverte de ce premier homme de sel dans la mine, personne n’a pensé qu’il pouvait y en avoir d’autres. Par conséquent, la mine continua à être exploitée. Onze ans plus tard, soit en 2004, les mineurs tombent accidentellement sur le squelette démembré d’un homme au cours de travaux d’extraction. Les études montrent que cet homme a également été tué par l’écroulement d’une paroi de la mine. Ils ont découvert également des cordes végétales, des textiles, un panier et des clous en bois avec ce cadavre momifié. . Celui-ci nommé l’homme de sel numéro 2, mesurait 180 centimètres, il était d’âge moyen et était probablement l’un des mineurs. Ce deuxième homme de sel est également de la même époque que le premier, c’est-à-dire du début de l’époque des Sassanides (400 après J.-C.)
Identifié comme d’un rang social élevé, le test du carbone 14, a permis aux archéologues d’estimer l’âge de la première momie : 37 ans. D’autres informations furent décelées. Ils l’ont datée à travers les études archéologiques sur la momie de sel. Elle appartient à la période Sassanide (224 – 650 ap J-C). La deuxième momie de sel, datée de la même période, a été découverte en 2004. Ce qui sera suivi par la découverte d’une troisième dont le corps était encore mou.
La découverte de cet homme de sel provoqua la reprise des fouilles archéologiques dans la mine. Mais celle-ci ne ferma pas et l’exploitation se poursuivit. Pendant que des bulldozers creusaient, des mineurs ont à nouveau, par le plus grand des hasards, trouvé le troisième cadavre. Son corps étant encore mou et différent des cadavres précédents. En plus, il fut aussi détérioré par les machines utilisées. Alors que ces trois momies constituent de véritables « fenêtres » sur cette période très ancienne, les travaux d’excavation du gisement continuèrent malheureusement. Finalement un quatrième homme de sel est découvert grâce aux efforts des chercheurs.
La découverte du quatrième homme de sel constitue l’apogée de cette histoire. Cette momie est le cadavre le plus complet, le plus intact et le plus jeune des hommes de sel. Il appartient à un adolescent d’environ 16 ou 17 ans qui mesure entre 170 et 175 centimètres. Son crâne présente des fractures causées très certainement par l’écroulement du tunnel de la mine. Les médecins ont pu expliquer sa mort. selon ceux-ci, la pression exercée par le tas de sel a disloqué son cœur. Etant dans le sel, le cadavre a perdu son eau, ses tissus mous ont été complètement conservés.
La quatrième momie de sel est le cadavre le plus complet, le plus intact et le plus jeune des hommes de sel : un adolescent d’environ 16 ou 17 ans qui mesure entre 170 et 175 centimètres. Etant dans le sel, le cadavre a perdu son eau, ses tissus mous ont été complètement conservés. Cette momie date d’environ 350 ans avant J.-C. et appartient à la fin de l’époque des Achéménides : elle est donc contemporaine de Darius III. La cinquième momie de sel trouvé est restée intacte dans la mine.
Le cadavre était à plat-ventre avec le pied gauche replié sous lui et le pied droit mi- ouvert. Une grande partie du visage de la momie est intacte, des cheveux courts bruns se trouvent sur une partie du crâne et il porte des anneaux en métal à ses oreilles. Ses ongles sont très clairs, nacrés et parfaitement visibles. Ce cadavre est complètement recouvert d’habits en laine. Ses vêtements comprenait un manteau, d’un pantalon et de bottes en cuir. Les objets trouvés près de lui consistent en deux cruches en poterie et un couteau en métal à manche en os glissé dans un fourreau de cuir posé sur un tissu autour de la taille de la momie. Cette momie date d’environ 350 ans avant J.-C. et appartient à la fin de l’époque des Achéménides, il est donc contemporain de Darius III.
Le cinquième homme de sel fut également trouvé lors d’opérations d’extraction du sel, en 2004. Lui aussi est décédé à la suite de l’écroulement d’une galerie. Comme il se trouvait dans l’eau, la plus grande partie de son cadavre a été détruite. Il ne reste que des morceaux d’os de sa main, de ses hanches et de son crâne. En 2008, l’activité de la mine cessa enfin. De sérieuses études archéologiques purent être menées. Elles aboutirent à la découverte d’un sixième homme de sel près du lieu de découverte du second homme de sel. Etant donné l’existence de moyens de conservation optimale, cette momie est restée intacte dans la mine.
Les hommes de sel 3, 4, 5 et 6 appartiennent à l’époque des Achéménides, soit environ 530 – 331 ans avant J.-C. Mais les hommes de sel 1 et 2 appartiennent à l’époque des Parthes et des Sassanides, soit environ 200 à 300 après J.-C. Les études faites à leur sujet montrent que la mine s’est, à maintes reprises, écroulée. Les mineurs dont on a retrouvé les momies en ont été les victimes.
La première momie de sel est exposée dans le musée national à Téhéran et la sixième est restée intacte dans la mine. Toutes les autres sont conservées au musée Zolfaqari de Zandjan dans des conditions favorables.
Les chercheurs sont en train de rechercher et de trouver des réponses pour connaître les raisons de ces écroulements. Etaient-ils dus à des tremblements de terre, à la construction incorrecte des tunnels ou à la mauvaise exploitation des minéraux ?
Hormis les hommes de sel 1 et 6, tous les autres sont conservés au musée Zolfaqari[8] de Zandjan dans des conditions favorables. Les momies de sel étaient, au départ, exposées dans le musée Rakhtchour Khané (laverie) de Zandjan. Mmais en raison de la nécessité de conditions particulières, le bâtiment du musée Zolfaqari de Zandjan fut équipé en 2008 pour pouvoir accueillir les hommes de sel. Ils furent transférés dans ce lieu. Ils bénéficient actuellement des conditions favorables à leur conservation, sous le contrôle d’experts.
La découverte d’hommes de sel est importante à plusieurs titres. Elle ouvre une nouvelle fenêtre sur l’histoire de l’Iran antique. Elles nous donnent des informations concernant les méthodes minières, l’industrie du textile, la façon de s’habiller et la nourriture des gens ordinaires de ces époques. Etant donné que les matières organiques telles que le tissu, le cuir et les produits alimentaires se dégradent rapidement au contact de l’eau et de l’air, on retrouve très rarement ce genre de matières sur les sites archéologiques.
L’importance des momies de sel réside dans l’obtention d’informations sur la Perse antique. Les méthodes minières, l’industrie du textile, la façon de s’habiller et la nourriture des gens en déduisent
Les vêtements complets et les chaussures, les instruments en bois et en métal retrouvés près de ces momies sont de très bons guides. Ils nous permettent d’étudier la vie des populations. Or, avant la découverte des momies de sels, il n’existait jusqu’à présent aucune trace des vêtements portés par les gens ordinaires à l’époque des Achéménides. En découvrant la quatrième momie qui portait tous les vêtements de l’époque achéménide, de précieux renseignements ont ainsi pu être obtenus dans ce domaine.
De plus, en utilisant des méthodes géophysiques, les archéologues ont découvert un nouveau tunnel appartenant à l’époque des Seldjoukides (1020-1250 après J.-C.). Outre la partie principale de la mine, une autre zone appelée « qolok » s’est mise également au jour en bas de la mine. Il semble que cet espace s’utilisait par les mineurs antiques pour se reposer et entretenir leurs outils.
L’étude des outils servant à l’extraction et à l’exploitation de la mine elle-même, ainsi que les renseignements obtenus par la datation avec le carbone 14 montrent que la mine était active dès le Vème siècle avant J.C., c’est-à-dire à l’époque des Achéménides. Et que, au cours des siècles, elle a, à maintes reprises, subi des écroulements. C’est ainsi que des mineurs furent ensevelis et finalement momifiés pour certains. Il existe de nombreux mystères autour de cette mine sont encore cachés sous les amas de sel… En poursuivant leurs recherches et leurs fouilles, les archéologues espèrent obtenir encore davantage de renseignements sur l’Antiquité en Perse, en particulier au au sujet des mines.
[1] Exploitions du sel dans cette mine date de l’âge du Fer. Elle s’est arrêtée, dans les années 2008. Les pièces archéologiques les plus anciennes découvertes datent de la période Achéménides.
[2] A 350 kilomètres de Téhéran
[3] Tchehr abad et Hamzeh lou
[4] Une des plus longues rivières d’Iran. Elle joint la rivière Shahroud, se joignant au fleuve Sefidroud et se termine finalement dans la mer Caspienne.
[5] Mehr abad et Tchehr abad
[6] Adji tchay
[7] Les rivières Tchehr abad et Adji tchay.
[8] La maison Zolfaqari : la résidence du gouverneur de Zandjan en 1890 (l’époque Qadjar)