Les lettres persanes (1 et 2) de Christiane nous racontent son voyage en Iran

 

Les lettres persanes de Christiane: de jolis textes à lire plusieur fois

LETTRE 1

Chère Julie ,

Nous sommes à présent en Iran après un voyage agréable. Les pilotes iraniens naviguent avec douceur. On sent à peine le décollage et l’atterrissage. Toi qui crains tant l’avion, ce voyage aurait apaisé ta hantise. J’ai encore quelques difficultés avec mon voile qui ne cesse de glisser.

L’autre jour, dans la salle d’attente de l’aéroport, j’éprouvais une certaine gêne à marcher, un café dans une main et mon sac dans l’autre, dans la crainte d’une chute de foulard. Heureusement, tous les regards masculins étaient rivés sur la télévision qui diffusait un match de foot visiblement d’une importance capitale pour le pays, tandis que les femmes papotaient en se remaquillant aux toilettes.

Que dire des jardins et des parcs? Les quelques plantations sur ton balcon te sembleraient bien pauvres auprès de ces espaces de verdure entretenus avec soin. Dès le matin les jardiniers arrosent les pelouses d’un vert impeccable dans ce pays si aride. Les Iraniens aiment flâner au milieu des arbres et des fleurs. Ici, deux jeunes filles voilées jouent au volant, là, trois jeunes gens dorment dans la fraîcheur de l’ombre, là encore, un père tient son bébé avec tendresse et fierté. Parfois, c’est un groupe animé d’étudiants qui plaisante et se prend en photo, en insistant pour que nous y figurions.

La verdure est tellement chère aux Iraniens qu’ils s’installent sur les pelouses des ronds-points pour un pique-nique du soir et j’en soupçonne-même certains d’y sommeiller jusqu’au matin. En revanche, ne va jamais en Iran avec ta voiture ! Ces promeneurs si paisibles se transforment en lions au volant. Les règles de la circulation automobile me sont restées impénétrables et traverser une rue me semble être le plus grand danger que court ici le voyageur. Si tu cherches la véritable aventure, offre-toi une course en taxi. Aucun embouteillage ne résiste à ces chauffeurs intrépides et notre police y perdrait la raison.

Je te parlerai plus longuement de ce pays dans mes prochaines lettres .Porte-toi bien.

   Christiane

LETTRE 2

Chère  Sophie,

Je ne connais pas de peuple plus affable que le peuple iranien. Nulle part en Europe je n’ai vu ces regards s’illuminant à la vue d’un étranger. Des sourires spontanés, des regards curieux et bienveillants nous accompagnent au gré de nos visites.

Les jeunes filles se montrent les plus intéressées, engagent la conversation avec une grâce naïve et naturelle, délaissent les vestiges archéologiques plusieurs fois millénaires pour nous prendre en photo .Qui est le visiteur, qui est le visité ? Nous ne le savons plus très bien. Cette courtoisie discrète et pleine d’attention ne manque pas d’étonner le Français souvent blasé, dont l’intelligence ironique a masqué le coeur.

Il est cependant une circonstance où les Iraniens se montrent impitoyables : dans les files d’attente des aéroports. Gare à l’Européen naïf et discipliné qui se croit dans son bon droit en patientant sagement derrière le voyageur qui le précède. Une demi-heure plus tard, il n’aura pas avancé d’un pouce alors que sur les côtés la foule s’écoule aisément. Au bout de deux heures, quand enfin le policier tatillon tamponne le dernier passeport, le sien, il aura un vague sentiment d’incompréhension et d’abandon.

Mais rassure-toi, ce sentiment ne dure pas tant les beautés de ce pays comblent la vue, l’esprit et l’imagination. Je t’embrasse.

Christiane

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