Claude Chabanne : voyage en Iran, inoubliable à partager avec vous
Je ne t’ai pas oublié mais j’ai attendu de prendre un peu de distance pour te communiquer mes impressions.
Nous avons tous des préjugés sur les lieux que nous ne connaissons pas. J’en avais sur l’Iran que j’imaginais un pays triste à l’image de la couleur noire des tchadors. Je voyage essentiellement pour rencontrer des civilisations différentes de la mienne et côtoyer des gens qui vivent avec des idées, des croyances, des traditions différentes des miennes. Cela aide à remettre les préjugés en question.
Et justement le problème que Pierre a rencontré à son arrivée (et à nouveau à notre retour) a confirmé mes préjugés et j’en ai été très affectée. Quel était donc ce pays qui accueillait ainsi des touristes avides d’ouverture et de compréhension ? J’ai même ressenti une certaine hostilité et un désir de repartir. Puis, j’ai été tellement éblouie par la beauté de l’Iran que ma mauvaise impression de départ s’est effacée et que ne restent dans ma mémoire que de merveilleuses images.
– Des sites inoubliables. Persépolis et l’Apadana dont je rêvais depuis très longtemps. Les bas-reliefs de Bishapour, Nasqsh-e Rostam et Naqsh-e Radjab et bien sûr la ziggourat dont tu nous as fait une visite remarquable.
– Des mosquées aux décorations magnifiques et aux céramiques chatoyantes. Mes préférées : les motifs roses de Nasir-al Molk à Shiraz, le dôme de Sheik Loft Allah à Ispahan et sa coupole intérieure qui fut vraiment un choc esthétique. Et puis toutes les mosquées du Vendredi : un rêve turquoise.
– La splendeur d’Ispahan, trop belle pour la décrire avec des mots. Les fresques du palais des 40 colonnes aux couleurs délicates
– Les villes du désert dont la teinte des murs se confond avec celle de la terre. C’est Yazd que je préfère à toutes et même peut-être à Ispahan.
Et je garde surtout de mon voyage des sensations fugitives et des émotions.
L’odeur des roses blanches embaumant l’air et la musique de l’eau dans le jardin de Mahan, le parfum du pain chaud sortant du four et sa saveur croustillante, la splendeur écarlate des grenadiers, les effets d’ombre et de lumière dans les ruelles étroites de Rayen ou de Yazd, l’envol des voiles noirs au détour d’une rue, l’élégance des femmes, altières et souriantes, les montagnes austères surgies, comme dans un mirage, du sable du désert.
L’accueil chaleureux des femmes au mausolée de Daniel à Suse, le mage récitant les textes de l’Avesta en tournant autour de l’autel du feu à Kerman, l’atmosphère recueillie au mausolée d’Hafez : j’ai été très touchée par une population qui récite encore avec tant de ferveur les vers d’un poète disparu depuis si longtemps, la splendeur grandiose et tragique du cadre des tours du silence au village de Cham, l’hospitalité des Iraniens, leur sourire, leur envie de communiquer par-delà la barrière de la langue, la voie vibrante du vieil Iranien chantant sous le pont aux 33 arches.
Voilà tout ce que j’ai aimé. Mais j’ai peut-être oublié certaines choses. Cependant je n’ai pas oublié ton professionnalisme sans faille, ton enthousiasme et ton souci de nous rendre le voyage à la fois culturel, agréable, distractif et même gastronomique. Merci encore et si tu viens en France, notre maison t’est grande ouverte.
Je voudrais immortaliser toute la beauté de ton pays dans la légèreté d’une aquarelle ou dans les vers d’un poème mais, comme je ne suis pas assez douée, je me contente de ces quelques phrases.
On connaît Alibaba et les 40 voleurs. On pourrait écrire Ali et les 25 voyageurs. En effet Ali connaît le Sésame ouvre-toi de la circulation. Il nous a toujours conduit avec brio à chaque étape qui dépassait largement les 28 km entre 2 caravansérails. Nous sommes prêts à tester sa technique des demi-tours et de la marche arrière dans les embouteillages parisiens.
Ali, nous te remercions pour ta gentillesse, ta disponibilité et ton sourire.
Merci aussi à Akbar qui a toujours été dévoué et souriant et qui nous a assuré le service du thé.
Merci a tous 2.
Me voici chargée de chanter ta louange. Ce n’est pas tâche facile ! Tu nous as conduit avec une énergie infatigable mais ton autorité a toujours été tempérée par ton humour, tes facéties, ton sourire, tes dons de comédien, de chanteur et de metteur en scène. Tu es ce qu’on appelle un homme orchestre, capable de tout faire, pensant à tout. On t’a vu remplacer les serveurs au restaurant, seconder les commerçants, faire la circulation, négocier avec l’agent de police le droit de stationner sur la place Royale, assurer en bicyclette le sauvetage d’un voyageur égaré devant la mosquée de l’Imam.
Tu nous as aussi surpris par tes connaissances et, même si nous avons un peu dormi pendant l’exposé sur le chiisme, je crois que nous avons beaucoup appris. Nous étions partis avec des préjugés. Certains ont disparu : les femmes sont souriantes sous leur voile noir, les Iraniens sont chaleureux et accueillants. Tu nous as fait découvrir la poésie de ton pays : la beauté des coupoles turquoises, la saveur de la cuisine et des pâtisseries, l’odeur du pain chaud…autant de sensations que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Je te remercie au nom du groupe. Je te souhaite tout le bonheur possible et pourquoi pas, un jour, la liberté.