l’émaillage persan, remonte à 1500 av. J.C. Il associe l’art du feu, de la terre et du verre dont ressortent de brillantes couleurs. Inspirant les émaux de Byzance, cet art se répandit au-delà des frontières de l’Iran, évoluant sous l’influence des Mongols, s’orientalisant sous les Timurides et se métamorphosant à l’époque des Safavides.
Véritables interactions chimiques entre les éléments, l’émaillage résulte d’une alchimie transformatrice des matières premières utilisées. Dans les villes saintes, des couleurs uniques résultent de savants mélanges végétal et minéral exprimant le témoignage mystique de la présence des Imams chîites dans les mausolées. L’émaillage est au monde iranien ce que les vitraux sont aux cathédrales chrétiennes…
Associant la dorure, la marqueterie et la miniature, l’émaillage témoigne d’un savoir-faire multiple et complet, au service de la foi et de la beauté. Il emplit l’espace de sa présence raffinée pour apparaître au voyageur comme le vestige immortel d’une époque qui n’a pas disparu. Aujourd’hui encore, l’émaillage existe en Iran, notamment dans la ville d’Ispahan.
L’émaillage, l’artisanat perse, c’est l’art du feu, de la terre et du verre qui permet d’obtenir de brillantes couleurs, remontant à 1500 ans avant Jésus-Christ. La disposition de petits morceaux de différents métaux sur la face d’un autre type de métal (travail en parcelle), en tenant compte de leurs couleurs et de leurs formes géométriques, la création de formes ou de dessins, ainsi que l’émaillage sont des exemples de l’art des métaux. Les recherches montrent que les émaux dits de Byzance sont issus de l’art de l’émail perse ; il en est de même en ce qui concerne de nombreux autres arts ayant été inventés en Iran et s’étant ensuite répandus dans d’autres pays.
Alinaghi Vaziri écrit dans son livre Histoire générale des arts illustrés de la préhistoire à l’islam : « Décorer et graver différents métaux a toujours été considéré comme l’artisanat caractéristique des Iraniens et de la Perse ; les vases et les bijoux étaient fabriqués en divers métaux tels l’or, l’argent, le cuivre, le bronze, le laiton, le fer, l’acier, le plomb, l’aluminium et le chrome. »
Le brassard en or décoré d’émail datant de l’époque des Achéménides, actuellement exposé dans le musée Victoria Albert de Londres en est un exemple. La beauté de l’art de l’émaillage, invention créative des Iraniens, dépend de l’habilité de l’artiste à contrôler le feu, la terre, la couleur et l’émail.
Les assiettes et les vases émaillés : les produits de l’émaillage, l’art perse
A l’époque des Mongols, un nouveau style d’émaillage et d’art des métaux fut créé en Iran : les personnages de la Cour remplacèrent les motifs arabes de la période précédente; cet art s’orientalisa, particulièrement à l’époque des Timurides. Puis, il changea à l’époque des Safavides : les vases en argent furent décorés avec des dessins en miniature représentant les fêtes de la Cour, les guerres, la chasse ou l’équitation ; les dessins arabesques et les fleurs étaient également représentés. La couleur rouge était davantage utilisée.
L’artiste donne la forme aux feuilles en cuivre
L’émaillage peut être considéré comme l’une des inventions créatives de l’homme car cet art implique des interactions complexes entre diverses matières : silice et composants alcalins et plombifères d’une part et d’autre part, oxydes métalliques qui créent l’émail. Le mélange est ensuite broyé et forme ce que l’on appelle le fondant. C’est pourquoi, en fait, il s’agit d’un produit de laboratoire.
Avec une pince, l’artiste grave les feuilles
En chauffant, ces oxydes de métaux donnent les couleurs voulues en fonction de la température et de la durée de la cuisson. Il est donc essentiel de contrôler attentivement cette cuisson. L’émail peut être opaque ou transparent. On appliquer l’émail sur des objets en or ou en argent. Souvent, on le fait principalement sur le cuivre.
Les feuilles en cuivre ont pris la forme
Etant donné qu’autrefois, l’émaillage était peu répandu, les couleurs étaient végétales ou minérales, comme celles utilisées pour les gravures, les peintures et le textile. Mais actuellement, on a recours à des couleurs chimiques. Les oxydes métalliques servent également pour la coloration de l’émail. La couleur rouge provient de l’or ou des oxydes de chrome, de fer et de cuivre, selon l’atmosphère (oxydation ou réduction). Ils obtiennent le vert à partir de ceux de cuivre, de chrome, de nickel et de fer. Pour le jaune, ils mélangent antimoine, vanadium, chrome et fer. On utilise l’oxyde d’étain, du titane et de l’antimoine pour le blanc. Finalement le bleu turquoise, si remarquable, dont la meilleure qualité se trouve à Samara, ville irakienne, se produit avec du cobalt, du cuivre, du nickel et du fer.
L’artiste regarde l’assiette et le bol moulés et incrustés
Les émailleurs actuels fabriquent beaucoup d’objet. Il y a des bijoux comme boucles d’oreille, colliers, bagues), des boîtes de maquillage, des flacons de parfum. D’autres produisent des boîtes à cigarettes, de la vaisselle comme lestasses, verres, assiettes, bols, aiguillères. La production des tableaux émaillés de tailles différentes reste encore à la priorité des artistes.Certains artistes utilisent d’autres techniques telles que la dorure, la marqueterie et la miniature.
Les récipients couverts d’une couche d’émaille
Ils exercent aussi leur art pour la restauration et la construction de mausolées des imams chiites dans des villes comme Karbala, Nadjaf, Samara, Machhad, Rey et d’autres lieux saints.
L’artiste peint les vases émaillées
Les vases peintes entrent sont couverte par une couche d’émaille
Il existe deux principaux types d’émaillage : le cloisonné et l’émail peint. Dans la méthode du cloisonné, on soude des fils en métal sur les principaux dessins des vases. Puis on remplit les espaces délimités de couleurs émaillées et chauffées. C’est une ancienne technique d’émaillage. L’émail peint est la première méthode utilisée aujourd’hui. On remplit la surface de l’objet avec du blanc dense ou une autre couleur. Quand la première cuisson a lieu, ça donne un tableau blanc. L’artiste fait ses dessins qu dessus. il subit à nouveau une ou plusieurs cuissons. C’est pourquoi on parle d’émail peint.
Les vases émaillées et peintes entrent dans le four
Plusieurs étapes sont nécessaires à la production d’émail. Un chaudronnier spécialiste doit d’abord donner la forme et les dimensions adéquates à l’objet prévu. Le maître l’émaille ensuite en blanc. L’émaillage se fait généralement en 3 à 4 fois, puis la mise au four à 700 degrés a lieu. Les motifs sont ensuite dessinés et les différentes couleurs posées. Puis à nouveau, l’objet est mis au four à environ 400 à 500 degrés.
Les vases colorées et cuites, sorties du four
Les matières premières utilisées pour fabriquer la structure des objets sont du métal. On peut citer le cuivre, le plus employé à cause de sa flexibilité, l’or, l’argent, le nickel et le laiton. Pour l’émaillage proprement dit, la silice, le carbonate, le sodium, le potassium, la chaux, l’étain etc… sont utilisés.
Les outils de l’émaillerie sont :
Ispahan est l’un des principaux ou peut-être le seul centre de l’émaillage.
Etant donné que ce procédé s’applique sur un support quelconque, on peut donc obtenir une infinité d’objets artistiques et industriels (appareils ménagers, pièces diverses…).
Les objets sont recouverts d’une couche d’émail transparente. Donc, on peut les laver avec de l’eau chaude et une éponge sans les abîmer. Pourtant il faut éviter d’y mettre des objets pointus ou coupants ou de les heurter. Il est évident que trop de chaleur peut altérer certaines couleurs de l’émail.
Titulaire d'un master de français