L’économie iranienne suscite aujourd’hui de nombreuses interrogations de la part des économistes du monde entier : économie fragile pouvant s’effondrer à tout instant ou puissance économique mondiale en devenir ?
Née de l’élevage et de l’agriculture, elle saura s’adapter et s’étendre dans divers domaines, qu’ils soient artisanaux ou artistiques. L’économie iranienne deviendra synonyme d’excellence artistique et de qualité d’un savoir-faire qui fera rêver de nombreuses générations d’orientalistes et d’artistes européens…
Encadrée par la sagesse des sciences et des philosophes, elle sut trouver des cadres réfléchis et volontaire, à l’image de Chah Abbas 1er.
Une nouvelle étape sera franchie avec la découverte du pétrole en 1909. Des difficultés d’une confiscation coloniale aux conflits qui aboutirent après la Première Guerre mondiale à la victoire de l’Iran sur la Grande-Bretagne, l’économie iranienne a toujours sut se ressaisir pour s’affirmer comme un acteur majeur et incontournable de la région.
L’économie iranienne connut de nombreuses vicissitudes au cours de l’histoire et dut s’alimenter de différentes ressources. Avant la découverte du pétrole, des activités productives humaines telles que l’agriculture et l’élevage constituaient la principale source de recettes de l’Iran. Mais après la découverte et l’exploitation du pétrole, l’économie iranienne franchit une nouvelle étape. L’objectif de cet article est d’analyser le long parcours économique de l’Iran, de l’apparition des premières monnaies jusqu’à la période florissante de l’or noir et enfin le dossier nucléaire de l’Iran.
Darique, première monnaie d’or de l’économie préislamique, Darius I, l’époque achéménide
Considérées comme le point culminant de l’histoire économique iranienne, les premières monnaies furent frappées sous Darius Ier (520 av. J.-C.), le troisième roi de la dynastie achéménide. Frappées en argent et en or, ces monnaies modifièrent le troc qui soulevait des difficultés. Les Achéménides eurent également une place importante dans l’économie. Divisé en une vingtaine de satrapies, l’empire était traversé par des routes royales et veiné de routes secondaires.
Dinar, première monnaie d’or sous les Sassanides
La plus importante de celles-ci fut la route Royale, celle qui s’étendait de Suse, la capitale des Achéménides, à Sardes, la capitale de Lydie (actuelle Anatolie occidentale). C’était une route de 2400 km ponctuée de 111 postes qui facilitait les échanges commerciaux. Divers produits agricoles qui étaient cultivés selon la géographie et le climat des différentes régions furent transportés ailleurs à travers ces routes. En outre, les ports le long du golfe Persique ou encore le canal de Suez que Darius avait fait creuser occupait une place importante dans le commerce maritime.
Les Séleucides et les Arsacides (les Parthes) se succédèrent l’un après l’autre aux Achéménides. La prospérité du commerce extérieur, l’installation des organismes financiers centralisés et le développant des réseaux routiers : telles étaient les principales étapes des Séleucides dans le domaine économique qui furent suivis des Arsacides par le développement des propriétés privées, la sécurité des routes et l’organisation des expositions commerciales. Les Séleucides importaient l’or et le papyrus. Ils exportaient en revanche du bois, du fer, du cuivre, du plomb, des vêtements, des bijoux, des médicaments, des pierres précieuses, des tapis et des grains de blé.
En développant le réseau d’irrigation de « Merv », les Parthes jouèrent un rôle important dans l’extension du réseau d’irrigation d’Iran. On commença alors à cultiver la canne à sucre mais l’agriculture déclina. Donc l’élevage des animaux domestiques, et particulièrement celui des volailles, fut développé, ayant le meilleur marché à l’étranger.
Les premières monnaies furent frappées en argent et en or sous Darius Ier (520 av. J.-C.), le troisième roi de la dynastie achéménide. L’instauration de ces monnaies modifia le troc qui soulevait des difficultés dans tous l’empire, du golfe Persique jusqu’à l’Indus.
Les Sassanides contrôlaient les côtes du golfe Persique jusqu’à l’Indus, maîtrisant de cette façon le commerce maritime. Cependant à l’époque sassanide l’économie reposait plutôt sur l’agriculture que le commerce. A l’époque, les monnaies constituent le principal moyen de paiement en circulation dans les villes et les villages. Mais les ouvriers, les soldats et les paysans recevaient leur rémunération et payaient leur taxe en troc. Basé sur l’échange de la monnaie, le commerce extérieur s’épanouit en comparaison des autres périodes.
Avec l’avènement de l’Islam en Iran, l’économie iranienne connut des hauts et des bas. A l’époque, l’agriculture constitua un facteur économique de premier plan en Iran depuis l’Antiquité et les agriculteurs et les paysans constituaient la majeure partie de la population. Suite à la surproduction dans le secteur agricole, on exporta les excédents dans d’autres pays. Lors de la conquête arabe, la société rurale et urbaine ainsi que l’industrie agricole subirent des dégâts importants. Mais la riche culture iranienne encouragea leurs descendants à favoriser la science, le développement et l’art plutôt que l’homicide et le pillage. Cela eut comme résultat la compensation d’énormes dommages subis par des Sassanides et le développement de l’urbanisation.
Un caravansérail, le logement et le marché sur la route, relais de l’économie iranienne
Lors des paix établies entre les invasions, les Iraniens firent prospérer l’agriculture grâce aux gouvernants et aux vizirs compétents. Favorisant l’agriculture et l’irrigation, les Tâhirides (le gouvernement local installé au nord-est de l’Iran au 9ème après J.-C.) fondèrent de nombreux Qanâts dans le Khorāsān. L’agriculture prospéra chez les Samanides et les Bouyides. Pratiqué par des paysans et le plus souvent par des nomades, l’élevage fut développé de plus en plus suite à l’émigration de tribus turques, à savoir les Seldjoukides, les Mongols et les Tâhirides en Iran qui vivaient de l’élevage. Le commerce maritime constituait une place importante avant et après l’avènement de l’Islam due à la situation géographique de l’Iran. Celui-ci est considéré comme un pont étendu de l’est à l’ouest ayant accès aux océans grâces à la mer d’Oman et au Golfe persique, et doté des voies terrestres et maritimes.
l’économie iranienne sous les Safavides et la monnaie d’or
A l’époque safavide et durant le règne de Chah Abbas 1er, l’économie iranienne se rétablit. Celui-ci prit des mesures pour assurer le bien-être économique de la société. Sous son règne, la production de soie devint un monopole du trône pour le tissage des tapis afin de les exporter dans les pays européens, surtout en Pologne. Il fit aussi construire des caravansérails le long des routes principales destinés aux caravanes de marchands. En plus, il favorisa la venue de nombreux Arméniens à Ispahan installés dans le quartier la nouvelle-Djolfâ, dans le but de développer le commerce. Mais ce n’est pas tout.
La conquête arabo-musulmane fit subir d’importants dégâts à l’industrie agricole, qui constituait un facteur économique de premier plan en Iran depuis l’antiquité. Il faudra attendre l’instauration de périodes de paix par les Iraniens pour permettre à l’agriculture de prospérer à nouveau.
Il a réformé le système de taxation dans l’intérêt du peuple selon leur revenu et exempté des groupes d’agriculteurs et des commerçants d’impôts. Bien que ses successeurs ne réussissent à maintenir le pouvoir, l’arrivée des frères Shirley, conseillers militaires anglais en Iran chargés d’améliorer la puissance de tir de l’armée safavide, et la signature de contrats officiels favorisèrent l’Iran comme une destination de commerce pour les Européens. Les fresques murales du palais Ali Qâpu et celles de Chehel Sotoun témoignent de la présence remarquable des Européens dans le commerce chez les Safavides. Les Anglais aidèrent Chah Abbas à repousser les Portugais hors d’Hormoz et l’empire safavide atteignit son apogée à cette époque.
Les autres successeurs laissèrent en revanche le royaume à l’abandon, progressivement sapé par les intriques de harem, une armée qui s’affaiblissaient et des impôts trop lourds imposées même aux Arméniens. Une tribu afghane se rebella et envahit l’Iran de 1719 à 1722. Nadir Shah fonda la dynastie des Afshârs au nord-est du pays et Karim Khan fonda la dynastie des Zands dans le sud du pays. Ils rétablirent l’économie iranienne et développèrent le commerce en accueillant des groupes commerciaux belges et français en Iran.
Au moment où les Qâdjârs arrivèrent au pouvoir, l’économie iranienne connut un retard certain due à l’incompétence des souverains qâdjârs. Ainsi le pays fut divisé en parties semi détachées où les gouverneurs locaux barrait la routes afin d’extorquer les caravanes. Plus de 80 % des gens habitaient dans les villages avec un système politique féodal selon lequel les propriétaires terriens ne rémunéraient pas le travail des agriculteurs et le gouvernement imposait de lourds impôts aux vassaux. Naser od-Din shah (1848-1896) fut un des premiers souverains perses à voyager en Europe. Ces voyages étaient payés par les avantages et les intérêts du pays, offerts aux pays étrangers. Voilà pourquoi la Russie et la Grande-Bretagne obtinrent des concessions extraordinaires. Elles mirent pratiquement entre leurs mains toutes les ressources de l’Iran et firent naître le mécontentement populaire.
Naser od-Din shah accéléra la saisie économique de la Grande-Bretagne et de la Russie, en bradant des concessions. En 1872, le baron Julius Von Reuter, se fit octroyé une concession de soixante-dix ans qui lui livrait l’exploitation des ressources du sous-sol iranien, sauf l’or, l’argent et des pierres précieuses, l’exploitation des forêts, la construction des Qanâts et les canaux d’irrigation, de voies ferrées, des réseaux routiers, de l’installation d’un réseau télégraphique de même que des usines industrielles et de la création d’une banque. De plus, il se vit confier pour 25 ans le monopole des douanes et des exportations de l’Iran.
Laissant l’image de mauvais gestionnaires, les Qadjars bradèrent l’économie iranienne aux puissances étrangères par le biais de concessions. Naser od-Din shah (1848–1896), accélérant ce dessaisissement économique, provoquera une protestation massive contre la cession du monopole du tabac à une compagnie britannique.
L’attribution de ces monopoles suscita le mécontentement de la Russie, de la cour et des peuples. Et le gouvernement persan annula la concession en 1899 étant obligé de verser de lourdes indemnités aux Anglais. Par exemple, il confia à Reuter le monopole de la création de la banque « Shahi » et son fils obtint pour soixante ans les concessions des mines et celle de la banque qui ne tarda pas à prendre le nom de Banque « Shahanshahi ».
L’attribution, en 1890, du monopole du tabac à une compagnie britannique pour cinquante ans provoqua des émeutes et suscita une opposition populaire massive contre le shah. La protestation atteignit son apogée en 1891 suite à laquelle une fatwa interdisant la culture, la consommation et le transport du tabac fut promulguée par l’autorité religieuse Mirza Shirazi. La conjonction des mécontents aboutit à la révolution constitutionnaliste de 1906. Et le shah dut annuler la concession. L’industrie des pays européens se transforma suite à la Révolution industrielle et, suite à la surproduction des produits, poussa les Européens à chercher de nouveaux marchés pour leurs produits dans divers pays, notamment l’Iran. Ainsi, l’introduction des produits européens à bas prix, immobilisa l’artisanat et les ateliers industriels d’Iran.
L’histoire du pétrole en Iran remonte au troisième millénaire avant Jésus-Christ. Durant l’antiquité, le bitume servait à préparer des mortiers, à calfater des bateaux et goudronner des routes. Pour ce faire, on pavait les routes en les couvrant de bitume.
Les ouvriers d’ « Anglo-Iranian Oil Company », une variante importante de l’économie pétrolière d’Iran
Sous le règne de Mouzaffar al-din shah (1896-1907), en 1901, William Knox d’Arcy obtint pour soixante ans une concession qui lui permettait de prospecter et d’exploiter le pétrole à travers l’empire persan, à l’exception des cinq provinces du Nord de l’Iran qui étaient sous influence russe. En 1908, les ingénieurs de D’Arcy découvrirent une réserve de pétrole importante à Masjed-Soleyman. Cette découverte constitua le point de départ d’une immense évolution politique et économique en Iran. On mit en service la raffinerie d’Abâdân en 1909, l’une des plus grandes raffineries du monde et exportait le pétrole exploité des gisements pétroliers situés au sud de l’Iran.
Les premières installations pétrolières en Iran
Utilisé depuis le troisième millénaire avant Jésus-Christ pour bitumer les routes, le pétrole connaîtra une renaissance au début du 20ème siècle. Suscitant une véritable révolution économique pour le pays, il réveillera aussi les appétits colonialistes des puissances britannique et russe.
Le pétrole entre dans l’économie iranienne : le conteneur du pétrole au début du 20ème siècle
En 1914, le Parlement de Grande-Bretagne établit une loi. Donc, le gouvernement britannique avait le droit d’acheter une partie de l’action de l’Anglo-Iranien Oil Company. Ensuite, un accord s’est conclu entre le ministère de la Marine britannique et l’Anglo-Iranien Oil Company. C’est pourquoi la marine anglaise acquit le droit d’acheter le pétrole à bas prix. Ceci suscita l’opposition entre des peuples et des libéralismes iraniens et des Anglais.
Au cours de la Première Guerre mondiale, pour les Anglais, la priorité était la préservation des pipelines pétroliers iraniens. C’est pourquoi des Allemands et des Ottomans tentèrent de saper l’industrie pétrolière du Khuzestân. La Grande-Bretagne donnait de l’argent et des armes à certains gouverneurs locaux pour qu’ils préservent des installations pétrolières. En 1915, les forces anglaises occupèrent le Khuzestân à la suite de la coupure du pipeline d’Abadan par les Allemands. A la fin de cette guerre, la raffinerie d’Abâdân était d’une capacité de 1 Mt et le montant des recettes d’exportation pétrolière iranienne étaient de 470.000 litres entre 1919 et 1920.
Après la Première Guerre mondiale, un différend naquît entre le gouvernement iranien et l’Anglo-Iranien Oil Company. La cause vien du fait que l’Iran ne tirait pas le plus grand profit de l’extraction du pétrole. Le gouvernement iranien était d’avis que cette compagnie vendait le pétrole à prix bas au gouvernement britannique. Ce qui contribuait à la réduction de la rente pétrolière de l’Iran.
De plus, le gouvernement iranien était contre la relation établie entre la Grande-Bretagne et les gouverneurs locaux iraniens. En revanche, la Grande-Bretagne jugea l’Iran incapable de préserver les installations pétrolières. C’est la raison pour laquelle, elle donnait une partie de la rente pétrolière de l’Iran aux gouverneurs locaux. Mais le gouvernement iranien affirma que des dégâts causés par la guerre ne correspondaient pas au gouvernement iranien. Ces conflits continuèrent de 1917 à 1919 et finalement aboutirent à la victoire de l’Iran sur la Grande-Bretagne.
Etudiante en français, responsable administrative
Titulaire de master en français, Traductrice