La femme irannien a parcouru un long trajet depuis des milliers d’années. Son statut a évolué au cours des siècles
Ainsi la condition de la femme iranienne dans les pays de culture iranienne a connu de multiples changements. Les femmes iraniennes ont expérimenté des situations diverses concernant leur présence ou leur absence dans la vie sociale et politique du pays.
Autrefois, l’effort des femmes iraniennes d’avant-gardes y a joué un rôle important. Où sont-elles placées dans la société iranienne ? La tradition et la croyance, que font-elles devant l’envie du progrès des femmes ? Sont-elles privées des activités sociales ? Que veut dire l’émancipation des femmes iraniennes ? Quelle en était la réaction de la société conservatrice ? Nous allons étudier le statut de la femme iranienne dans la société où elle a vécu et elle pratique sa vie sociale.
L’évolution des cent dernières années a été due principalement à une politique de modernisation de l’État et aux quatre mouvements sociaux (La révolution constitutionnelle de 1908, le mouvement national en 1952, la révolution islamique iranienne de 1979 et le mouvement de la réforme en 1998-2006) qui ont radicalement changé la vie des gens, en particulier celle des femmes.[3]
Sous la dynastie des Qâdjâr, les femmes étaient cantonnées à l’intérieur de la maison et l’espace public ou « extérieur » était le domaine des hommes. Les femmes, lorsqu’elles étaient à l’extérieur, devaient porter un vêtement les recouvrant entièrement : comme le tchador, la burqa et le chaqchur (pantalon ample).
Elles devaient aussi respecter certaines règles, même pour traverser une rue. Elles étaient peu alphabétisées, même si, à l’époque de Naser-el-Din Shah, il existait un projet d’éducation publique, basé sur le modèle éducatif occidental, qui avait transformé les modes de pensée et la culture des femmes iraniennes.
Le nombre des écoles avait augmenté, mais dans de nombreux cas, il y avait beaucoup d’oppositions à la présence des filles dans ces écoles. Il y a même eu des tentatives de destruction de ces écoles[4].
Pourtant, les femmes, tout en respectant les coutumes, ont initié un mouvement pour obtenir leurs droits civils. Mariam Amid, connue sous le nom de Mozayan-Al-Saltaneh, a été la première femme journaliste iranienne qui a commencé ses activités en 1911. Elle a fondé le premier journal destiné aux femmes en Iran. Cette publication s’appelait Danesh (connaissance), elle paraissait une fois par semaine en huit pages et en in-quarto à Téhéran et aussi dans d’autres régions[5].
Autrefois, au moment de la révolution constitutionnelle, des femmes ont été très actives pour obtenir l’égalité des droits et un statut social. Bibi Mariam Bakhtiari, commandant en chef lors de la victoire de Téhéran, avait pris les armes et avait combattu pour défendre les hommes. Pourtant, cette révolution n’a pas eu beaucoup d’influence sur la vie sociale des femmes iraniennes, elles n’ont même pas obtenu le droit de vote.
Dans les premières décennies du XXe siècle, avec l’apparition des États modernes, la condition des femmes s’est améliorée avec des mesures telles que la délivrance des certificats de naissance et la planification familiale.
La politique du kashf-e hijab (le dévoilement) a commencé pendant la première période de la dynastie des Pahlavi qui a duré 7 ans. Le but était l’occidentalisation et la modernisation de la société, les femmes devaient donc être vêtues comme les femmes occidentales.[6]
Dans le même temps (en 1932), le premier film en persan « la fille Lor » est sorti et Rouhangiz Saminejad a été la première actrice du cinéma iranien[7].
Pourtant, les femmes iraniennes ont joué un rôle important lors du renversement du régime du Shah et de la révolution islamique. Cette dernière visait également à améliorer le statut des femmes, à les libérer réellement, à favoriser leur participation dans la société et ainsi à être partie prenante dans le développement et la construction de l’Iran. [8]
Après la révolution islamique, la société est devenue plus sûre pour les femmes. Non seulement, elles sont sorties de la maison, mais elles sont entrées dans l’arène politique, ayant un rôle important pour soutenir le mouvement de masse islamique. Elles étaient très nombreuses lors de la manifestation du 22 Bahman et aussi lors du rassemblement de la journée mondiale d’al-Quds.
Avec une participation de plus de 44% aux élections du 23 mai 1997, les femmes iraniennes ont montré qu’elles avaient une place importante dans l’espace politique. Elles ont obtenu des conditions favorables pour leurs activités sociales[9].
C’est ainsi que l’on trouve des femmes réalisatrices comme Rakhshan Bani-Etemad, Tahmineh Milani, Manijeh Hekmat,… qui ont produit des films sur les femmes et beaucoup d’actrices ont aussi joué dans différents films.
Pendant la guerre l’Irak contre l’Iran , les femmes étaient très présentes et efficaces derrière les barricades. Pendant 8 ans, elles ont joué un rôle crucial dans les équipes médicales et les soins infirmiers. Elles ont formé des groupes pour fournir de la nourriture et des vêtements aux soldats.
Après la guerre, avec la reconstruction du pays, les femmes ont profité de conditions favorables pour s’impliquer davantage dans les domaines de la culture, de la politique et la société dans son ensemble.
Selon le Centre de la statistique de l’Iran, entre 1997 et 2004, le nombre de femmes candidates pour le parlement est passé de 351 à 504. C’est la même pour le nombre de femmes candidates pour le Conseil de 1373 à 2338. Voici la suite :
Au cours de cette période, elles ont pu faire valoir leurs activités au niveau national et international. Shirin Ebadi, en 2004, a reçu le prix Nobel de la paix. Anousheh Ansari a été la première femme iranienne qui a été lancée dans l’espace en 2006.
Maryam Mirzakhani (mort en 2017) a été la première femme et la première iranienne à recevoir la médaille Fields, qui est la plus prestigieuse récompense dans le domaine des mathématiques (2014). Des études ont été faites sur la réussite des femmes dans les sports et aux Jeux olympiques. Kimia Alizadeh, en 2016, a remporté la médaille de bronze olympique en taekwondo.
Les femmes se sont également distinguées en politique.Vahide Dastjerdi a été la première femme ministre dans toute l’histoire de l’Iran après la révolution. Elle a pu atteindre ce poste après la révolution islamique. Humira Rigi a été le premier gouverneur de l’ethnie des Baluch. Une autre femme sunnite a été nommée gouverneur du GhasrGhand, ainsi que de la province du Sistan-Balouchistan en avril 2015. Narges Madani Poor est devenue maire du 13ème arrondissement de Téhéran. 17 femmes ont été membres pendant la dixième session du parlement, ce qui a été sans précédent dans d’autres sessions.
Conformément au code du travail, il n’existe aucune différence entre les droits des hommes et des femmes, ni au niveau de leur salaire. Les femmes peuvent être titulaires d’un compte bancaire personnel. Elles gèrent leurs biens mobiliers et immobiliers sans problème. Elles sont complètement libres, de par la loi, de faire des études supérieures et d’obtenir des diplômes.
Actuellement, les femmes représentent 41% de la population en Iran et 2, 200, 375 étudient à l’université. Selon le tableau suivant, la part de la participation économique des femmes est de 12,8%.
Ces chiffres montrent la volonté des femmes iraniennes d’accéder à des postes de direction. elle a aussi la possibilité d’accéder à des postes de responsabilité à égalité avec les hommes.
Taux de participation économique de la population âgée de 10 ans et plus selon le sexe[10] | |
12.8 | femme |
62.6 | homme |
[1]Andaruni signifie l’intérieur de la maison
[2]Biruni signifie l`extérieur de la maison. A l’époque Qadjar et avant, espace généralement réservé aux hommes
[3]Quatre évaluations sociologiques de la situation des femmes en Iran/ Hamid Reza Jalaeipoor/Publication Refahedjtemaei/ numéro 21/Eté 2007
[4]Base d’information Mehr Khaneh
[5]Base de données complète d’histoire contemporaine de l’Iran
[6]Dévoilement/Fatemeh Sadeghi/ 2014/ Publication Negah Moaser
[7]L’histoire du cinéma d’Iran/ Jamel Omid
[8]Sociologie de la participation politique des femmes/Mohammad Hossein Panahi/ 2008/ Publication Alameh Tabatabaei
[9]Quatre évaluations sociologiques de la situation des femmes en Iran/ Hamid Reza Jalaeipoor/ Publication Refahedjtemaei/ numéro 21/Eté 2007
[10]Résultats de l’enquête sur la population active. Hiver 2016/ Centre de la statistique d’Iran
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